Eyeless In Gaza
Caught in Flux/The Eyes of Beautiful Losers
(Cd MRED 145, Sept 16 1997, remastered to Cd, remastered again Feb 2008)
See also: reviews of the original Lp

Review 1

by Rob Young (Uncut magazine, May April 4 2008)

1981 snapshot of arty British indie pop duo
With nearly 30 years’ hindsight, the post-punk of Midlands duo Martyn Bates and Peter Becker appears distinctive next to their scratchier, more fashionable peers. Becker’s synthetic keyboards and Bates’ jittery, echo-tremolo guitar crate a sun-flecked, drumless canopy beneath which Bates declaims angsty lyrical fragments like a tetchy, sore-throated Billy McKenzie. Considerably more than the sum of its parts, in the light of Bates’ more recent forays into ambient folk settings Caught in Flux (now released alongside Photographs as Memories (1980) and 1986’s Back from the Rains ) survives with freshness and sincerity intact.

Review 2

by Biba Kopf (The Wire, November 1997)

Eyeless In Gaza was Martyn Bates’ first group. Their early 80s work is the root of the experimental song stylings of his solo Murder Ballads CD. If their gloomy, introspective songs psychically pre-mapped Billy Bragg’s doomed Britain, their minimal arrangements of guitars, keyboards and crude rhythm are more likely to appeal to lo-fi slackers. But its hysterical edge is as hard to take now as it was first time around.


Review 3

by Gil Gershman (Muze)

Eyeless in Gaza, the duo of Martyn Bates and Peter Becker, is behind some of the most distinctive music made in the ’80s under the pop-music umbrella. Bates’ angst-powered verse and visceral, raw-throated delivery are tempered by musical settings that seem to have been sketched rather than played. Though EIG was briefly tamed and incorporated into the dubious “new romantic” movement, the duo’s early music burns with a rare fire. It’s unpredictable, unconventional, and often unforgettable.

EIG’s second album, Caught in Flux is truer to Bates and Becker’s original muse than later, poppier efforts. Emphatic organ/guitar melodies and acrobatic, assertively emotional vocals define such EIG classics as Rose Petal Knot, Half-Light, Point You, and the lacerating Voice from the Tracks. The dreamy See Red, Continual, and opener Sixth Sense, where chimes, piano, and percussion are wreathed by multi-tracked Bates vocals – one heartfelt, the other keening wordlessly, hold the key to EIG’s unique but yet-unrefined blend of improvisation, pop, and poetry. This 1997 reissue appends Eyes of Beautiful Losers, the five-song EP bundled with Flux’s initial vinyl pressing. It’s an invaluable addition, as each fragile, freely constructed song is more splendid than the last.


Review 4

by Xavier Béal (Pop-rock.com February 12 2004)

Eyeless in Gaza, groupe qui existe toujours à l’heure actuelle est réédité parcimonieusement mais fidélement par le label de leurs débuts Cherry red; leur deuxième album Caught in Flux de février 1981 est ressorti il y a peu de temps et permet à nouveau de tracer l’importance de ce groupe à la carrière fantomatique.

Le duo composé de Martyn Bates et de Peter Becker, multi-instrumentistes, respectivement à la voix/guitares et aux percussions, avait fait paraitre pour l’année 1981 pas moins de trois albums. Caught in Flux, marquait déjà une rupture avec le premier Photographs as Memories (non encore réédité) et annonçait et défrichait le suivant Drumming the Beating Heart, paru en février 1982. Pochette noir et blanc, voix blanche de Martyn Bates, Eyeless in Gaza est un groupe qui ne s’expose pas, les photos des pochettes montrent des personnages de dos, regardant ailleurs, photos faussement intimistes, ici, une mère et ses enfants face à une chute d’eau, là, pour le premier album, une mère portant son enfant (le même … plus jeune), photo irisée, «les photographies sont des souvenirs».

15 morceaux, dont on voit bien la continuité et la linéarité grâce à la réédition, (au lieu des 4 faces vinyl qu’on pouvait mettre dans l’ordre qu’on voulait sur l’original). Les morceaux de Caught in Flux font découvrir et comprendre la douleur de Martyn Bates, chantée jusqu’au silence, état des lieux du mal-être dit en mots hachés, maltraités, crachés, bégayés, noyés au milieu des nappes de guitare orgue et basse dans un continuum s’approchant rarement de la grandiloquence, titubant souvent près de la folie que la voix nargue et visite sans retenue.

Expérimentation, tumulte d’idées, exploration, instantanés glacés pris dans le flux, comme le souligne Martyn Bates en 1997, lui qui commence déjà en 1981 à mener paralléllement au groupe une carrière solo sur un mini-album de 10 titres Letters Written (réédité l’an dernier) où il ne s’accompagne pratiquement plus qu’à la guitare et à l’orgue, voix nue au phrasé / chanté proche de celui de Colin Newman qui sortait à la même époque 2 opus majeurs en solo (Not to et A-Z), belles années.

Les morceaux de ce deuxième album forment une unité prise dans le flux, posent un mélange qui servira de base à ce que sera Eyeless in Gaza pendant 15 ans, ainsi que la carrière solo de Martyn Bates (7 albums) en sommeil du groupe, jusqu’à une reformation moins attachante, car moins radicale du duo, mais toujours digne.

La montée se fait après Sixth Sense, premier morceau d’exposition, piano sage, égrené, coulé et voix douce, tamisée, agrémentée d’une guitare peu présente, les morceaux suivants «Point you» et «Voice from the tracks,» hachés et bruts, marquent l’arrivée de l’orgue et de la basse, ainsi que la voix triturant les mots et amènent à «Scale amiss» où là tous les éléments sont en déflagration, poussés par la voix balbutiant, noyant les mots dans la rythmique et çà s’intensifie de plus en plus sur les morceaux suivants où Martyn Bates n’hésite plus à psalmodier, voix proche des hurlements, masquée comme dans «Continual», à la limite du bégaiement, nonsense des mots parfois choisis davantage pour leur sonorité. avec «Rose Petal knot», on atteint l’accomplissement du style d’Eyeless in Gaza: texte répété sans discontinuer, voix partant d’un coup vers la cassure, se rattrapant pour plonger encore, guitare et batterie martelant et étouffant l’espace. «See red»: «see red, see blind, see red, fear deep inside», est le pendant de Sixth sense, la voix se fait douce à nouveau, comme pour marquer une pause, un palier, cette fois-ci, c’est la guitare et les choeurs qui prennent le relais du piano. «Half light» et «Everywhichway» ferment magistralement la première partie de Caught in Flux.

The Eyes of beautiful losers (eyeless losers!!), commence par un instrumental de 5’25, voix sussurées, murmurées, hurlées tour à tour en écho lointain, morceau s’étirant, se cassant et se reprenant comme un prolongement de la voix de Martyn Bates, envisageant les essais de Pale Hands I Loved So Well (album suivant sorti sur le label norvégien Uniton en hiver 1981 et réédité) et prolongé dans un morceau sorti uniquement sur une compilation Cherry red datant de la même époque («You frighten»). La suite des 3 morceaux est une splendeur, là les textes et la voix se fondent totalement, il n’y a plus d’à peu près, Martyn Bates chante haut la voix, accompagné de l’orgue, des glockenspiel et de la batterie de Peter Becker, l’accomplissement est à l’oeuvre sur «Still air», «you talk to four walls, you talk to no one», nous dit Martyn Bates, perdu dans son flot, se reprenant, disséquant la folie qui le cerne, abandonnant et creusant ses certitudes, annonçant les directions que prendront les albums futurs, expérimentations sonores et retour vers un schéma «new wave» plus traditionnel sur Rust Red September en 1985; tout ici est en germe et tout est magnifiquement dit; 16 ans plus tard, on s’aperçoit combien cet album est indispensable dans la discographie d’un groupe trop dédaigné par la critique, hâtivement réservé à des étudiants boutonneux, et dont la ferveur s’épanouit dès le deuxième essai, album de la maitrise et dont la force reste encore intacte.